« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Sous l'étoile d'automne

 

 

 

 

 

... / ...

 

    Alors c'est encore du vin, puis du whisky. Et puis ce sont des quantités de whisky. Et puis c'est de nouveau une bamboche de vingt et un jours pendant laquelle un rideau se baisse sur la conscience que j'ai de la réalité terrestre. Dans cet état, l'idée me vient un jour d'envoyer dans une chaumière à la campagne un miroir avec un cadre gai et doré. Ce serait pour une petite jeune fille du nom d'Olga qui était aussi mignonne et amusante qu'un petit veau.

    Oui, car j'ai encore ma neurasthénie.

    La machine est dans ma chambre. Je ne peux plus la monter parce que les parties principales du bâti sont restées dans un presbytère à la campagne. Cela n'a pas d'importance, l'affection que je porte à ma machine s'est émoussée. Messieurs les neurasthéniques, nous sommes de méchantes gens et nous ne valons rien non plus pour jouer les animaux, quels qu'ils soient.

    Et puis, un jour, cela finira bien par devenir trop ennuyeux de rester inconscient davantage, et je repartirai pour une île.

Knut Hamsun / Sous l'étoile d'automne (extrait - fin)