« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

sans presque de visage

 
 
 
 
à C.G.

 

 

 

 

      Sans yeux, sans presque de visage dans mon souvenir. Tu as posé un jour ton sourire sur une table de restaurant. Tu as posé un jour ton sourire dans une après-midi de Vendée, dans un soir frais et bleu de montagne.

      Tu es resté sans yeux, sans presque de visage, une pensée. Quand tu parles, je ne sais jamais trop où c’est, ni en quel paysage devant toi, ni en quel intérieur de chair en toi.

      Tu es resté à la lisière de l’ombre et de la lumière, là où je marche entre deux jours.

 

 

 

 

      Tu es ce clair intérieur et des tulipes dans un vase, le soleil posé à plat sur un carreau comme un couteau propre de la cuisine.

      Tu es cela, l’après-midi qui passe et ton rêve qui s’éveille des pensées trop précises.

      Tu es cela que je vois, une attitude tranquille et sans parole, sans sourire superflu, dans ce clair intérieur, une interrogation grave.

 

 

 

 

      Tu parles. T’ai-je dit que j’aime les gens qui parlent sans hâte et sans mots inutiles, autant que ceux qui chantent. 

      Tu parles. La colline penche sa prairie, sans hâte, vers la chanson de la rivière.

      Tu parles et quand tu as fini tu te tais.

      Le silence soleil dans les herbes de rivières.

James Sacré / Relation - Essai de deuxième ancrit.