« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LA BONNE AVENTURE

 

 

 

 

I

 

En allant de vergne en villes

Et de cambrousse en lieu-dit,

J’ai volé des cambrelines

Et des garçons de Paris.

La roulotte poussait l’âne

Né près des Saintes-Marie,

Un tambour à la fenêtre

Se balançait dans un’ cage

Où tremblaient de très beaux bruits

 

 

Refrain

 

En allant de ville en ville

Et de village en lieu-dit,

J’ai volé des cambrelines

Et des garçons de Paris.

 

 

 

II

 

Les tant frêles écuyères,

Les maillots roses si déteints,

La Main de Gloire éphémère,

Le tambour du Tabarin,

Les tréteaux si crucifères

Apportaient en ce chemin

Jeu de tarots et de belotes

Et les secrets de la main

Complice de ce qu’on chuchote.

 

 

Refrain

 

Les tant frêles écuyères,

Les maillots ros’s si déteints,

La Main de Gloire éphémère

Nous indiquaient le chemin.

 

 

 

III

 

Nous allions comme des fouines,

La route effaçait nos pas,

Aux cahots de nos verdines

Vers des nords blêmes et gras.

Près d’une place publique

Un messier leva la main :

— « Couchez-vous, filles profanes,

C’est l’asile des Gitanes

Et des poèmes forains. »

 

 

Refrain

 

C’était le bout de la route

La chanson mourut un peu.

On mit la Bonne Aventure

Dans un lit de beau foin bleu.

Pierre Mac Orlan / Chansons pour accordéon