« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Sonnets pour Hélène - LII

 

 

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Adieu, cruelle, adieu, je te suis ennuyeux :

C’est trop chanté d’Amour sans nulle récompense.

Te serve qui voudra, je m’en vay, et je pense

Qu’un autre serviteur ne te servira mieux.

 

Amour en quinze jours m’a fait ingenieux,

Me jettant au cerveau de ces vers la semence :

La raison maintenant me r’appelle, et me tense :

Je ne veux si long temps devenir furieux.

 

Il ne faut plus nourrir cest Enfant qui me ronge,

Qui les credules prend comme poisson à l’hain,

Une plaisante farce, une belle mensonge,

 

Un plaisir pour cent maux qui s’en-vole soudain :

Mais il se faut resoudre, et tenir pour certain

Que l’homme est malheureux, qui se repaist d’un songe.

Pierre de Ronsard / Le second livre des Sonnets pour Hélène