« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Pour le jour et son aube

 

 

 

 

 

 

Pour celui qui voulut. — Et l'autre. — Et l'ennemi.

Pour le jour et son aube — et la plus belle part

D'un temps qui fut et ne fut pas. Pour un ami

— Ou dix — qu'on eut et qu'on perdit — et les remparts

 

 

Des villes que l'on ne vit jamais. Pour l'étoile

— Au ciel et ici-bas — qui montra le chemin

Que l'on ne sut pas suivre. — Esmeralda ! son voile !

Son pas ! le rythme effréné de ses tambourins

 

 

Au parvis des maisons et des temples. — Pour l'or

Du nuage étonné — et la fraîcheur du vin

Nouveau. — Pour Jean, pour Paul — et pour ce qui advint

 

 

D'un roi que nul ne couronna. — Pour le décor

D'un soir allant disparaissant. — Pour Celle enfin

— Pardonne-nous — qui dans le noir m'offrit sa main.

Yves di Manno / Champs - un livre-de-poèmes - 1975-1985 / Champs . du jour