« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

À l'Espérance

 

 





Espérance ! gracieuse ! affairée au bien !

 Qui ne dédaigne pas la maison des endeuillés,

  Et aime servir, ô noble ! et entre

   Mortels règnes et célestes puissances,

 

 

Où es-tu ? J'ai peu vécu ;  mais déjà mon soir

 Respire le froid. Et coi, pareil aux ombres,

  Me voici déjà ;  et déjà sans aucun chant

   Le cœur frissonnant fait somme en ma poitrine.

 

 

Là-bas dans la vallée verte, où le ruisseau

 Chante chaque jour de la montagne, et l'adorable

  Colchique au jour d'automne fleurit pour moi

   Là-bas, au silence, ô gracieuse, j'irai

 

 

Te chercher, ou quand au minuit

 Dans le bois ondoie la vie invisible

  Et que sur ma tête les fleurs toujours

   Gaies, les fleurs d'étoiles, étincellent

 

 

O fille de l'Éther !  apparais alors

 Sortant des jardins de ton Père, et si tu ne peux pas

  Venir esprit de la terre, effraye,  oh je t'en prie

   Avec autre chose effraye mon cœur.

Friedrich Hölderlin / Chants de nuit