Supervielle
Par domcorrieras, le samedi 3 août 2013 - Poèmes & chansons - lien permanent
III
Le cœur est si fragile et le temps va si vite,
ne vous retournez pas sur ce passant qui passe.
il a déjà rejoint l'autre côté du monde
et, le chapeau tombé, galope dans la plaine
sur ce grand cheval bleu qui chasse les nuages
comme autrefois le fringant troupeau de voyelles
vers l'enclos d'un poème sans serrure ni porte
sinon ces deux yeux clairs, sinon ces mains plus longues
qu'un jour sans cavalier sur le plateau d'un roi.
Ne vous retournez pas, Supervielle est devant
sur la route sans ombre, qui sourit et répète :
Allons, mettez-vous là au milieu du poème,
le paradis est l'affaire de quelques mots
qui chantent, chantent encore quand morte est la chanson.
Guy Goffette / Le pêcheur d'eau (extrait)