« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

La Rue

 

 

 

 

La rue est pleine de chiens

De chiens qui prennent toutes les directions

De chiens sanglants baissant la tête, le corps humide d'étrange rosée

De chiens noirs, noirs comme nourris de mille nuits d'hiver sur la neige.

La rue est pleine de chiens

De chiens maigres ivres de vie et de mort de poussière et de Néant ;

Un feu gigantesque brûle leur queue leur queue attachée à l'ombre des arbres

À l'ombre des nuages

À l'ombre du vent.

Des chiens qui sourient parfois et regardent en arrière

Comme regarde la solitude de chaque recoin de vie.

Des chiens morbides

Des chiens puants

Des chiens surgis de mon cœur

comme une caravane d'ossements surgirait

du fond de la terre.

Nivaria Tejera - traduit du cubain par François Lopez