J'ignore où se tient le prince de la Fête, 

Celui qui régit le monde et autres sphères. 

J'ignore si ce que j'aperçois quand je me penche 

à la fenêtre est fête ou boucherie. 

S'il est vrai que la puce vit à son échelle 

(comme tout animal) qui n'est pas la nôtre, 

s'il est vrai que le cheval voit l'homme presque deux fois

plus grand, alors nul œil humain ne peut suffire. 

Peut-être une nuit, lassée d'être éternelle, fit-elle jaillir quelque étincelle. Ou bien une lumière éthérée 

s'est-elle maculée, se trouvant elle-même insupportable. 

Ou seraitce que le prince ignore ses créatures 

ou ne peut s'en vanter qu'à doses homéopathiques. 

Mais il est certain qu'un jour sur son siège 

pèseront d'autres fesses. C'est chose faite.

Eugenio Montale / Carnets de poésie 1971 et1972