« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

XII - L'INFINITO

 

 

 

 

XII

L'INFINITO

 

 

 

Sempre caro mi fu quest'ermo colle,

E questa siepe, che da tanta parte

Dell'ultimo orizzonte il guardo esclude.

Ma sedento e mirando, interminati

Spazi di là da quella, e sovrumani

Silenzi, e profondissima quiete

Io nel pensier mi fingo ; ove per poco

Il cor non si spaura. E come il vento

Odo stormir tra queste piante, io quello

Infinito silenzio a questa voce

Vo comparando : e mi sovvien l'eterno,

E le morte stagioni, e la presente

E viva, e il suon di lei. Così tra questa

Immensità s'annega il pensier mio :

E il naufragar m'e dolce in questo mare.

 

 

 

 

XII

L'INFINI

 

 

 

Toujours tendre me fut ce solitaire mont,

Et cette haie qui, de tout bord ou presque,

Dérobe aux yeux le lointain horizon.

Mais couché là et regardant, des espaces

Sans limites au-delà d'elle, de surhumains

Silences, un calme on ne peut plus profond

Je forme en mon esprit, où peu s'en faut

Que le cœur ne défaille. Et comme j'ois le vent

Bruire parmi les feuilles, cet

Infini silence-là et cette voix,

Je les compare : et l'éternel, il me souvient,

Et les mortes saisons, et la présente

Et vive, et son chant. Ainsi par cette

Immensité ma pensée s'engloutit :

Et dans ces eaux il m'est doux de sombrer.

Leopardi / Canti (Chants)