PRIME
Par domcorrieras, le jeudi 19 mai 2011 - Poèmes & chansons - lien permanent
Simultanément, aussi silencieusement,
Spontanément, soudainement
Que, dans la gloriole de l'aube, les bonnes
Portes du corps s'ouvrent en coup de vent
À son monde derrière, les portes de l'esprit,
La porte de corne et la porte d'ivoire
Pivotent, se ferment, instantanément
Etouffent le nocturne tohubohu
De sa fronde rebelle, à sa sale mine
Et sale caractère, médiocre,
Désaffranchie, rendue veuve, orpheline
Par une erreur de l'histoire :
Rappelée d'entre les ombres pour être un point qui voit,
Et de l'absence pour être mis en montre,
Sans nom, sans histoire, je m'éveille
Entre mon corps et le jour.
Saint ce moment, tout à fait dans le vrai,
Où, en complète obéissance
Au cri laconique de la lumière, tout près
Et c'est un drap, pas loin et c'est un mur,
Et làdehors, l'aplomb de pierre d'une montagne,
Le monde est présent, à l'entour,
Et je sais que je suis, ici, pas tout seul
Mais avec un monde et me réjouis
Sans trouble, car la volonté a encore à revendiquer
Ce bras adjacent comme mien,
Et la mémoire à me nommer, à reprendre
Sa routine, louange et blâme,
Et il me sourit, cet instant où
Le jour est encore intact, et moi
L'Adam sans péché à notre commencement,
Adam encore antérieur à tout acte.
Je respire ; c'est évidemment désirer
N'importe quoi, être sage,
Être différent, mourir, et le prix à payer,
N'importe comment, est le Paradis
Perdu, évidemment, et moi d'une mort redevable :
L'âpre crête, la ferme mer,
Les toits plats du village de pêcheurs
Encore endormi dans son anse,
Si frais, si ensoleillés soientils, ne sont pas encore des amis,
Rien que des choses sous la main, et cette chair toute prête
Pas un honnête égal, mais pour le moment ma complice,
Et mon assassin à venir, et mon nom
Représente ma part historique de souci
Pour une cité fille de ses œuvres et menteuse,
Qui a peur de notre vive tâche, l'agonie
Qui va réclamer le jour qui arrive.