Quand je serai assis comme un nuage
Par domcorrieras, le vendredi 22 avril 2011 - Poèmes & chansons - lien permanent
Immanquablement, le vent pèse à l'approche des collines
Le temps que les brumes se dispersent
L'eau pèse de tout son poids
Avant la fin de la nuit
Immanquablement, le temps pèse
Le temps que je retrouve dans le mot
Le temps de la mort avec cette subite invasion du blanc
D'un côté le vent, de l'autre le désert
En une seule fois, comme si j'étais là, comme si j'avais
déplacé tant de pierres, mangé tant de bitume
Toujours d'un pas essoufflé, jamais machinalement
Comme si tu existais, mais à part
Comme si je m'étais pas reconnu
dans mon regard
Un peu bœuf suspendu
Un peu ciel clair
Oui, mais os et vide ne s'écrivent pas
de la même manière
même si le rouge meurt sous la pluie
comme une lumière
qui rehausse ton sourire
Une pluie creuse le mot avec mon corps et ta voix
De temps à autre, entre dire et le pire
Chacun à sa manière pour se défaire de l'autre
Pour que paraisse ton visage
que disparaisse l'œil
même si tu as toujours devancé de tes dents
ma langue
Quand je serai assis comme un nuage
Sur un verbe esseulé
Tu apparaîtras
Un cheveu par tête
Un souffle par corps
Pleine de cloches dans le dos
Bleue légère, œil suspensif
À toute vitesse vers le nord
Comme ces salmonelles qui ne ressemblent jamais à leur
nom
Compte par dix les pets et les rires
Le pansu qui
divisé
peut vieillir par dix
Tout en ne sachant pas ce que nous apportera demain
Tandis que ne désemplit pas
La bouche des feux et des rames
Qu'est-ce qu'une histoire
Qu'est-ce qu'une aile d'oiseau dans une histoire
Et pourquoi le mot tombe
Le sac vide
Le pied court
Le dé range tout ce qui tombe du mot pour vieillir
à une cadence mesurée dans la seconde enfiévrée de l'attente
Tous les jours trois fois le monde dans le mot
pour digérer la morte
au cœur de la nuit
et la repeupler de son rêve
Avant que le jeu ne soit fini
Avec la singularité des pas et de l'âme d'une beauté
Ensevelie
Saisissante vermine
Dans la proximité du feu
Comme une barque qui écumera son nom
dans la dérive
Seyhmus Dagtekin / La langue mordue (Le Castor Astral)