« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

L'ordre blanc règne à Detroit-sur-Seine

 

 





à Robert Rauschenberg,

 James Rosenquist, 

Roy Lichtenstein.

 

 

Liminaire

 

Nous sommes seuls Seigneur Trop seuls petit Seigneur qui tends tes doigts gercés par les bénédictions matinales à l'heure où nous sortons à peine de nos poubelles poulets en bandoulière sous I'œil morne de rats efféminés Nous sommes fatigués seigneur: de ramper de lécher leurs crachats de leur céder nos filles au ventre rond de vivre aussi de vivre ainsi dans nos bidets Nous sommes las Seigneur  Voiture Seigneur  Gazon entretenu Bagues aux doigts Seigneur partouzes Petit mac de la racaille pâle  Le désespoir est en chacun de nous 

 

Puis magnifier la violence

 

Ma confiante Ma dure au mal Te voici dans mes mains comme une petite fille Ma vierge Ma sereine Mon implacable froide au sexe de chardon Longtemps nous avons couvé notre union sous les pierres brûlantes Longtemps je t'ai portée au plus profond de moi Ma voluptueuse Ma tant aimée que J'ignorais que je blessais que je méprisais mais qui hurlait la nuit dans ma poitrine Et je te nomme hostile Te sacre Te vénère Ma solitaire saccageuse Mon incendiaire sans recours La corde est dure prenons la corde Les lames nettes et ne dévieront pas Alors nous leur arracherons des armes plus glaciales qu'une femme frigide 

 

(...)

Franck Venaille