« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Toute la foi que j’ai en toi

 

 

 

 

 

Toute la foi que j’ai en toi

Durera

Jusqu’à l’éclair d’outre-monde détruisant

L’immense dépotoir où nous vivons

Lors nous nous trouverons en je ne sais quel lieu

Si dire lieu a un sens quand l’espace

Manque, discutant tel vers controversé

Du divin poème.

 

Je le sais, au-delà du visible du tangible

Point de vie possible mais l’outre-vie

Est peut être l’autre face de la mort

Cachée en nous au long de tant d’années.

 

Toute la foi que j’ai en moi

Tu l’as ranimée sans le vouloir

Sans le savoir car ici-bas

Chaque débris de vie contient une trappe

Dont nous ne savons rien et qui peut être

Nous attendait égarés incapables

De lui donner sens.

 

Toute la foi que j’ai me brûle ; certes

En me voyant on me croira de cendre

Sans s’apercevoir de ma renaissance.

 

 

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Eugenio Montale (1896-1981) – Altri versi (1980)