« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

De nouveau

 

 

        


 
         De nou­veau le temps moite, l’angoisse et la sueur, les aiguilles du jour dans les doigts de la chair, les épi­nes du ciel sur l’éclat de la rouille.

          De nou­veau le soleil irra­diant l’impal­pa­ble et tis­sant son grand fil dans la trame du jour.

          De nou­veau l’arai­gnée dans le cer­veau malade et l’aube indif­fé­rente aux vête­ments des gueux.

          De nou­veau l’hiron­delle dans le bef­froi du songe, de nou­veau le réel, la lente nuit des sables, et le souf­fle vêtu de la pous­sière du temps.

          De nou­veau le Nil noir et le linc blanc du cœur, de nou­veau le désert à l’hori­zon des lar­mes, de nou­veau le désir, le man­que et la dou­leur.

Gil­bert Jon­cour / Sur les murs de la nuit (édi­tions Paro­les en archi­pel)