« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Cal­derón

 

 

 

 

 

 

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ROSAURA

Je vou­drais vous aimer encore…

 

SiGIS­MOND

As-tu… as-tu jamais lu à l’école cette pièce de Cal­derón qui s’appelle La vie est un songe ?

 

ROSAURA

J’en ai seu­le­ment entendu par­ler.

 

SiGIS­MOND

Il y avait un roi, un pro­phète, qui avait lu dans le futur que son fils (Sigis­mond, comme moi, le hasard, tu vois ?) le tue­rait. Il le fit alors enfer­mer dans une tour, enchaîné, le tenant éloi­gné de la vie comme un mons­tre. Mais un jour, le roi se repen­tit. Et il vou­lut faire une expé­rience, pour véri­fier ses pro­phé­ties. Il fit libé­rer son fils, après l’avoir fait endor­mir pro­fon­dé­ment avec de légen­dai­res nar­co­ti­ques, il le fit se réveiller au Palais royal, dans un lit extra­or­di­naire, tout de lin et de bro­carts. Pour Sigis­mond, c’était un rêve, évi­dem­ment. Dans le rêve, cepen­dant, il vit une femme, dont il tomba amou­reux. Le rêve devait avoir une fin (et de fait, Sigis­mond réen­dormi fut de nou­veau enfermé dans sa tour) : le rêve devait avoir une fin, mais non cet amour. Dans le nou­veau rêve, un sen­ti­ment per­sis­tait. Qu’est-ce qu’il a voulu dire par là, Cal­derón ?

 

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Pier Paolo Paso­lini / Cal­derón (extrait)