ô cul de grand'valeur
Par domcorrieras, le jeudi 27 novembre 2008 - Poèmes & chansons - lien permanent
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Je dis encor, ô cul de grand'valeur,
Que ton teint fait de brunette couleur
Ne changera tant que seras en règne,
Et le teint blanc qu'aux autres membres règne
Par cours de temps peu à peu viendra laid.
Ô doncques cul, réjouis-toi seulet
Puisque tu as tant de vertu et grâce
Que tout beau teint, fors que le tien, s'efface
Et, advenant qu'il se pût effacer,
Mieux que d'un autre on se pourrait passer.
Et, pour renfort de ta louange écrire,
Dis que tu tiens de tous membres l'empire,
Pource que peux leurs beautés disposer
Ou leur laisser, ou leur faire poser :
C'est quand tu es aux œuvres naturelles
Prompt et hardi, ou quand tu te fâches d'elles,
Et de toi prend leur joie, ou leur tristesse.
Ô cul vaillant et rempli de prouesse,
Combien heureux sont − donc − les membres tous
Tant que tu as la foire, ou bien la toux ?
Car, ce pendant, la crainte ne les mord
D'être mordus, en chiant, de la mort.
Confessent donc que sans tes bénéfices
Ils n'ont beauté, teint, plaisirs ne délices.
Eustorg de Beaulieu (1505 - 1552) / Le cul (extrait... dernières strophes)