« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

De quel temps es-tu, toi qui ne rêves plus ?

 

 




L’aube, la feuille blan­che, naît dans l’arbre.

Mes prai­ries gelées, mes prai­ries noc­tur­nes

Déri­vent.

De l’aile

L’oiseau hèle le jour.

Dor­meuse, entends-tu la clo­che

Inven­tant la géo­gra­phie sonore ?

Ma nuit fut un palais de houx, l’église, la forêt.

Mon cœur, cette veilleuse rouge,

Pâlit.

De quel temps es-tu, toi qui ne rêves plus ?

De quel délire ?

Pour qui le fris­son secret

De la fati­gue et de l’amour ?

Pour qui ce visage

Sous mon vieux visage ?

La mer retourne ses sables

Et mon silence te regarde.

Si tu fré­mis, tu sais bien qu’il était

Pour toi.

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Jean Mal­rieu (1915 - 1976) / Libre comme une mai­son en flam­mes (incipit)