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Par domcorrieras, le jeudi 27 mars 2008 - Poèmes & chansons - lien permanent
J’ai cru mourir, et j’ai senti le froid de près,
de ce que j’ai vécu je ne laissais que toi,
ta bouche était mon jour et ma nuit de la terre
et ta peau le pays fondé par mes baisers.
Alors en cet instant s’achevèrent les livres,
l’amitié, les trésors accumulés sans trêve,
la maison transparente édifiée par nous deux ;
tout cessa d’exister, tout excepté tes yeux.
Car l’amour, alors que la vie nous persécute,
n’est qu’une haute vague entre toutes les vagues,
mais hélas quand la mort vient frapper à la porte
Il n’est que ton regard pour s’opposer au vide,
En face du non-être il n’est que ta clarté :
il n’est que ton amour pour refermer la nuit.
Pablo Neruda / La centaine d’amour / Nuit