« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Mais il s'était trompé de trou !

 

 





Il y avait une vieille femme que j’avais créée en vœu.

Elle était l’épouse

d’un vieil étang.

Vous pou­viez la voir nager dans son mari

si vous étiez caché

der­rière les buis­sons.

Elle lui par­lait avec sa façon de nager

gen­ti­ment.

Une fois dans leur vie il n’y eut pas de pluie

et le soleil com­mença à réduire l’étang.

Bien­tôt le soleil prit l’étang tout entier !

Pen­dant beau­coup de nuits le vieille femme dor­mit

Près du trou où son mari avait vécu.

Puis une nuit un orage arriva

Mais au matin il n’y avait tou­jours pas d’eau

dans la vieille demeure de son mari.

Alors elle décida de par­tir à sa recher­che

Et elle sui­vit sur le sol les fla­ques

qui mar­quaient les pas de l’orage.

Elle les sui­vit pen­dant beau­coup de kilo­mè­tres.

Fina­le­ment elle tomba sur son mari

assis dans un trou. Mais il s’était trompé de trou !

Alors le vieille femme ramena son mari à la mai­son

petit à petit, dans ses mains.

Vous auriez pu le voir ren­trer à la mai­son

si vous étiez caché

der­rière les buis­sons.

 

 

 





 

Par­ti­tion rouge / Poè­mes de l’os magi­que /
Antho­lo­gie - Poè­mes et chants des Indiens d’Amé­ri­que du Nord /
Tra­duits et pré­sen­tés par Jac­ques Rou­baud et Flo­rence Delay / Col­lec­tion Points - Ed. du Seuil.