« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

PRO­POS D’ANTHA­NASE FIGUE­MÛRE

 

 

 

 

 

   A­THA­NASE FIGUE­MÛRE à son fils natu­rel.— Sais-tu, petit, com­ment tu as été fait ? un jour de 14 juillet, à midi, en cinq minu­tes chez ton grand-père Câcaud, dans le gre­nier le long de l’arche et si tu es au monde, tu n’as aucun gré à en savoir à ta grand-mère qui du haut de l’échelle criait «Ton­tine» et arriva juste sur moi, armée d’une four­che, au moment où tu tom­bais dans le four.

 

    A­THA­NASE FIGUE­MÛRE . — J’ai ren­con­tré ce matin la femme à Audoine et elle m’a dit : — « Vous savez, Figue­mûre, que je suis enceinte ? C’est pour le mois de mai.» Drôle de décla­ra­tion à faire à un homme et qui ne m’inté­res­sait guère, mais j’aurais pu lui deman­der de qui ? Voilà ce que per­sonne ne sait, pas même elle qui se fait «couailler» par tous ses com­mis, au point que sa mère s’en aper­çoit et mar­monne tout le temps: — « Droit une Pichaude! Foin de Blan­chette! Tout de son père et rien de moi.» Un jour la pauv’vieille fut même si outrée de ce qu’elle avait vu qu’elle dénonça le cas à son gen­dre, mais son gen­dre lui répon­dit: — «Vou­lez-vous que je la tue ou que je me tue? C’est plus fort qu’elle et c’est trop fort pour moi.»

 

 

 

 

 

 

Mar­cel Jou­han­deau / Cha­mi­na­dour - 1934 / Pro­pos et anec­doc­tes - Pre­mière série