« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Peu importe ce que tu fais...

 

 

 

 

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« Cha­cun doit lais­ser quel­que chose der­rière soi à sa mort, disait mon grand-père. Un enfant, un livre, un tableau, une mai­son, un mur que l’on a cons­truit ou une paire de chaus­su­res que l’on s’est fabri­quée. Ou un jar­din que l’on a amé­nagé. Quel­que chose que la main a tou­ché d’une façon ou d’une autre pour que l’âme ait un endroit où aller après la mort ; comme ça, quand les gens regar­dent l’arbre ou la fleur que vous avez plan­tés, vous êtes là. Peu importe ce que tu fais, disait-il, tant que tu chan­ges une chose en une autre, dif­fé­rente de ce qu’elle était avant que tu la tou­ches, une chose qui te res­sem­ble une fois que tu en as fini avec elle. La dif­fé­rence entre l’homme qui ne fait que ton­dre le gazon et un vrai jar­di­nier réside dans le tou­cher, disait-il. L’homme qui tond pour­rait tout aussi bien n’avoir jamais existé ; le jar­di­nier, lui, exis­tera toute sa vie dans son œuvre.»
 

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Ray Brad­bury / Fah­ren­heit 451 (extrait)