« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Sous le soleil de Satan

 

 

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Cepen­dant la joie mys­té­rieuse, comme à la pointe de l’esprit, veille encore, à peine trou­blée, petite flamme claire dans le vent… Et c’est con­tre elle, ô folie ! qu’il va se tour­ner à pré­sent. L’âme aride, qui ne con­nut jamais d’autre dou­ceur qu’une tris­tesse muette et rési­gnée, s’étonne, puis s’éffraie, enfin s’irrite con­tre cette inex­pli­qua­ble sua­vité. A la pre­mière étape de l’ascen­sion mys­ti­que, le cœur man­que au misé­ra­ble pris de ver­tige, et de tou­tes ses for­ces il essaiera de rom­pre ce recueille­ment pas­sif, le silence inté­rieur dont l’appa­rente oisi­veté le décon­certe… Comme l’autre, qui s’est glissé entre Dieu et lui, se dérobe avec art ! Comme il avance et recule, avance encore, pru­dent, sagace, atten­tif… Comme il met ses pas dans les pas ! 

 

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Geor­ges Ber­na­nos / Sous le soleil de Satan (extrait)