Sous le soleil de Satan
Par domcorrieras, le vendredi 21 septembre 2007 - Proses & autres textes - lien permanent
Cependant la joie mystérieuse, comme à la pointe de l’esprit, veille encore, à peine troublée, petite flamme claire dans le vent… Et c’est contre elle, ô folie ! qu’il va se tourner à présent. L’âme aride, qui ne connut jamais d’autre douceur qu’une tristesse muette et résignée, s’étonne, puis s’éffraie, enfin s’irrite contre cette inexpliquable suavité. A la première étape de l’ascension mystique, le cœur manque au misérable pris de vertige, et de toutes ses forces il essaiera de rompre ce recueillement passif, le silence intérieur dont l’apparente oisiveté le déconcerte… Comme l’autre, qui s’est glissé entre Dieu et lui, se dérobe avec art ! Comme il avance et recule, avance encore, prudent, sagace, attentif… Comme il met ses pas dans les pas !
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Georges Bernanos / Sous le soleil de Satan (extrait)