Le Bordel des poètes - Mot-clé - Philippe Jaccottet2024-03-28T09:44:40+01:00Dom Corrierasurn:md5:962ce3df297678cdb7de1ccf0bda1031DotclearEt maintenant, tu te retrouves seulurn:md5:fe2668e16d02815bf228badeb80b8bdc2023-11-19T08:04:00+01:002023-12-05T14:09:39+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsPhilippe Jaccottet<h4><em>Philippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p> </p>
<p><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2023/Jac.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2023/.Jac_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>Et maintenant, tu te retrouves seul devant le feu<br />
dans ta cabane.</p>
<p>Les flammes semblent étouffer le bois comme du lierre.</p>
<p>N'y a-t-il vraiment plus ici d'autre ombre que toi ?</p>
<p>As-tu rêvé que la lumière n'était pas seulement au ciel,<br />
hors de portée,<br />
pas seulement dans la musique entendue<br />
mais dans la musicienne, sur ses lèvres,<br />
dans ses yeux, même quand elle se tait ?</p>
<p>Ne dis pas que tu as rêvé, ne le crois pas :<br />
simplement, tu n'étais pas digne.</p>
<p>Bûcheron gourd ou loup naïf, ne sors donc plus<br />
de tes forêts : la neige y compte sur toi.</p>
<p>Heureusement, la hache est posée loin de tes mains.</p>
<p> </p>
<p class="box180">Philippe Jaccottet / Le dernier livre des Madrigaux</p>Le vin avait couléurn:md5:5431aaa2dfc56dbf8cb026ff8050eaac2023-11-03T07:55:00+01:002023-12-05T14:14:47+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsPhilippe Jaccottet<h4><em>Philippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p> </p>
<p><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2023/Jaccottet-Keystone.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2023/.Jaccottet-Keystone_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>Le vin avait coulé en abondance dans les verres,<br />
tel un sang plus léger qui ne naîtrait pas des blessures.<br />
« À la beauté du monde ! » fut-il dit, et « À telle beauté<br />
parmi nous, grave ou rieuse ! » « À la douleur du monde ! »<br />
eût-on pu entendre en écho, si tout ce vin<br />
était redevenu du sang dans nos verres ébréchés.</p>
<p> </p>
<p class="box180">Philippe Jaccottet / Le dernier livre de Madrigaux (extrait)<br />
Photo : KEYSTONE/Ayse Yavas</p>Regardez les martinetsurn:md5:c2e770fc42078adf2624ae84fe985a142023-09-25T08:46:00+02:002023-12-05T14:15:01+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsPhilippe Jaccottet<h4><em>Philippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p> </p>
<p><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2023/Jaccottet-velo.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2023/.Jaccottet-velo_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>Regardez les martinets :<br />
ils sont autant de traits de fer forgés dans les murs,<br />
décochés vers les quatre angles du ciel<br />
quand tombe le soir d'été.</p>
<p>Alors, je crois entendre le vieux musicien,<br />
forgeron, lui, de volutes et de flammes,<br />
pour la dernière fois peut-être supplier :</p>
<p>« Belle archère, détournez de moi votre arme,<br />
que je ne pâlisse ni m'effondre comme ces nuées. »</p>
<p> </p>
<p>Ou ne seraient-ils pas plutôt, ces oiseaux, des hameçons jetés<br />
pour retenir par ses écailles juillet trop fuyant ?</p>
<p>Et lui d'écrire encore, sur les dernières portées,<br />
peut-être, de sa vie :</p>
<p>« Telle inconnue pêchant dans sa barque légère<br />
m'a ferré moi aussi.</p>
<p>Si j'ai cru doux d'abord d'être sa proie,<br />
maintenant le fer tire sur mon cœur<br />
et je ne sais si c'est le jour ou moi qui perd son sang<br />
dans ces eaux nacrées. »</p>
<p> </p>
<p class="box180">Philippe Jaccottet / Le dernier livre de Madrigaux</p>Là-bas, les tentes bleues des montagnesurn:md5:afdbffc80419b62ed567369a77330dbb2023-09-25T07:43:00+02:002023-12-05T14:15:13+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsPhilippe Jaccottet<h4><em>Philippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p> </p>
<p><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2023/Jaccottet000_93R3WU.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2023/.Jaccottet000_93R3WU_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>Là-bas, les tentes bleues des montagnes<br />
semblent vides.</p>
<p>Qu'ourdissez-vous de sombre sur vos fils,<br />
oiseaux nerveux, mes familières hirondelles ?</p>
<p>Qu'allez-vous, à vous toutes, m'enlever ?</p>
<p>Si ce n'était que la lumière de l'été,<br />
j'attendrais bien ici votre retour.</p>
<p>Si ce n'était que ma vie, emportez-la.</p>
<p>Mais la lumière de ma vie, oiseaux cruels,<br />
laissez-la-moi pour éclairer novembre.</p>
<p> </p>
<p class="box180">Philippe Jaccottet / Le dernier livre des Madrigaux</p>Au-dessus de nousurn:md5:440bf96426e83e48210705104c4796512020-09-30T08:00:00+02:002023-12-05T14:15:27+01:00domcorrierasProses & autres textesPhilippe Jaccottet<h4><em>Pilippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p style="text-align: center;"><br />
<a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2020/jaccottet-grignan-1.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2020/.jaccottet-grignan-1_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p style="text-align: center;"> </p>
<p style="text-align: center;"> </p>
<p style="text-align: center;">… / …</p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> Au-dessus de nous, au-dessus de nos yeux, là où la pente se faisait encore plus abrupte et les obstacles à leur course plus hérissée, de vraies herses de pierre, elles se montraient tout à fait blanches, et plus drues, au point qu'on aurait parfaitement pu les croire, en cette venue de la nuit, une coulée de neige, si la neige n'était du silence amoncelé ; alors qu'elles, elles explosaient, qu'elles tonnaient avec impétuosité, fougueuses, au milieu de ces herbages troués d'antres de marmottes.</p>
<p style="text-align: justify;"> Plus haut encore, tout à fait en haut, se dressaient des bastions, des forteresses (il y en avait même une à proprement parler, signalée sur la carte et désertée, à coup sûr, depuis longtemps, comme vides étaient les cimes).</p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> Un paysage héroïque : cela existe aussi. dans le plus lâche d'entre nous peut subsister un élan qui lui réponde. Même en cette fin de millénaire, on n'est pas absolument tenu de n'accorder de réalité qu'à l'ignoble.</p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> Comment cela pouvait-il sourdre de ces pierres ? De ces masses énormes, graves, immobiles ? (Sans qu'aucun Moïse ne fût visible, près ou loin, à moins que l'une ou l'autre de ces montagnes, cornue, n'en évoquât le souvenir, ou le retour possible.)</p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> Presque une canonnade.</p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> C'est pourquoi rieuses, réjouies, ravies ne convient pas ces eaux. Fougueuses, violentes (mais non cruelles, non guerrières, en dépit de cette couronne de bastions : ce serait encore trop les rapprocher de nous) ; fraîches, usées par rien, troublées par rien, premières ; le plus étrange étant peut-être qu'elles fussent à la fois l'image du temps le plus rapide (le plus preste, le plus allègre) et hors du temps, ou du moins inaltérées par le temps. Les plus désaltérantes, d'être inaltérées.</p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> Col de Larche, ou de l'Arche, d'où s'envoleraient à grand bruit ces autres colombes, en un temps de fin du monde ; et l'on en serait apaisé.</p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> Et pour les Italiens, Pas de la Madeleine : comme si c'était de nouveau toute une chevelure qui se dénoue et se déploie, mais pour guérir, cette fois, vois pieds à vous — les pieds de tout voyageur parvenu à ce relais.</p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: center;">… / …</p>
<p class="box180">Philippe Jaccottet / Au col de Larche (extrait)</p>Ce crépusculeurn:md5:d19088cf15de261b269ba5d614aa2db42020-06-11T08:11:00+02:002023-12-05T14:15:39+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsPhilippe Jaccottet<h4><em>Philippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p style="text-align: justify;"><br />
<a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2020/15454_philippe_jaccottet1987florenceponcet.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2020/.15454_philippe_jaccottet1987florenceponcet_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> Ce crépuscule est bien un feu qui s'est allumé sans bruit dans les arbres, cependant qu'à leurs pieds l'herbe devient peu à peu de l'ombre, de la nuit. (C'est là que l'on pourrait trouver les abreuvoirs pour les disparus, leurs berceaux, leurs litières.) Cela brûle donc sans crépiter dans les arbres, c'est plutôt de l'or épars et un tremblement de bougies ; ce sont plutôt, pour un moment, des candélabres. Là au-dessus, le ciel s'épanouit en pétales à peine jaunes. Il m'apparaît soudain, au-dessus de ce socle ouvragé, immense. Jamais sans doute je ne l'avais vu aussi vaste, aussi grand ouvert. Toute la place qu'il y a là pour le regard, pour le souffle ! Assez d'espace pour que tous les morts s'y retrouvent sans étouffer, à jamais.</p>
<p class="box180">Philippe Jaccottet / Après beaucoup d'années - Une couronne (extrait)</p>À force de tonnerreurn:md5:10d107c6575c30d71cd76b66f7a8abe42020-02-13T08:48:00+01:002023-12-05T14:15:53+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsPhilippe Jaccottet<h4><em>Philippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p><br />
<a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2020/1403874296209-MF2SUDIJUG07PM5Q5X54.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2020/.1403874296209-MF2SUDIJUG07PM5Q5X54_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>À force de tonnerre,</p>
<p>le firmament se craquelle aujourd’hui.</p>
<p> </p>
<p>Dans l’ancien monde,</p>
<p>à presque chaque orage</p>
<p>répondaient une nymphe dévêtue</p>
<p>et un berger tranquille.</p>
<p> </p>
<p>Elle disait</p>
<p>entre deux cris,</p>
<p>entre deux crises de larmes :</p>
<p>« J’ai trouvé un abri de feuille</p>
<p>et un compagnon endormi. »</p>
<p> </p>
<p>Et lui :</p>
<p>« Bonne nouvelle avant la fin du monde :</p>
<p>c’est encore le lait des astres</p>
<p>qui gonfle votre sein. »</p>
<p class="box180">Philippe Jaccottet / Fragments soulevés par le vent</p>Les alouettesurn:md5:9c23ba71a155d99198cbbc9d916755032020-01-07T09:57:00+01:002023-12-05T14:16:06+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsPhilippe Jaccottet<h4><em>Philippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p style="text-align: justify;"><br />
<a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2018/Jaccottet-2.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2018/.Jaccottet-2_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a><br />
</p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> Les alouettes ne seront-elles donc jamais fatiguées de bondir, même au-dessus des champs boueux de l’hiver ? Un peu de neige au front des montagnes les plus lointaines devient rose, et les forêts plus bas sont violettes, moins comme un amas de ces fleurs presque invisibles que comme une énigme que l’on croirait lire dans des yeux détournés, que comme le souvenir presque déjà définitivement perdu d’une parole ardente. Comme l’avant-dernière couleur entr’aperçue avant l’obscurité. Violette, accordée avec la vieillesse du jour. Violette ou, plus simplement, adieu.</p>
<p class="box180">Philippe Jaccottet / Après beaucoup d’années / Une couronne (extrait)</p>En cette nuiturn:md5:e7f80cfbf8c790508ea00e4ba7a218892018-09-21T10:19:00+02:002023-12-05T14:16:17+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsPhilippe Jaccottet<h4><em>Philippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p><br />
<a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/Jaccottet_Philippe_Khouri.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/.Jaccottet_Philippe_Khouri_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p> </p>
<p>En cette nuit,</p>
<p>en cet instant de cette nuit,</p>
<p>je crois que même si les dieux incendiaient</p>
<p>le monde,</p>
<p>il en resterait toujours une braise</p>
<p>pour refleurir en rose</p>
<p>dans l’inconnu.</p>
<p> </p>
<p>Ce n’est pas loi qui l’ai pensé ni qui l’ai dit,</p>
<p>mais cette nuit d’hiver,</p>
<p>mais un instant, passé déjà, de cette nuit d’hiver.</p>
<p class="box180">Philippe Jaccottet / Cahier de verdure / Fragments soulevés par le vent</p>Deux ébauchesurn:md5:10c18cd34a05b9b9163f423d949cf1f32017-09-17T10:02:00+02:002023-12-05T14:16:29+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsPhilippe Jaccottet<h4><em>Philippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p style="margin: 0px; text-align: right; font-size: 21px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"><br />
</p>
<p style="margin: 0px; text-align: right; font-size: 21px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/jaccottet-ouverture.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/.jaccottet-ouverture_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p style="margin: 0px; text-align: right; font-size: 21px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p class="legende" style="text-align: right;"><i>En hommage au poète Pierre Delisle</i></p>
<p style="margin: 0px; text-align: right; font-size: 21px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 25px;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: right; font-size: 21px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 25px;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">On a vécu ainsi, vêtu d’un manteau de feuilles ;</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">puis il se troue et tombe peu à peu en loques.</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 24px;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">Là-dessus vient la pluie, inépuisable,</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">éparpillant les restes du soleil dans la boue.</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 24px;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">Laissons cela :</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">bientôt, nous n’aurons plus besoin que de lumière.</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 24px;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 24px;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: center; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">………………..</p>
<p style="margin: 0px; text-align: center; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 24px;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> Oui : c’est la lumière qu’il faut à tout prix maintenir. Quand les yeux commencent à n’y plus voir, ou rien que des fantômes, rien que des ombres ou des souvenirs, il faut produire des sons qui la réservent, radieuse, dans l’ouïe. Quand celle-ci défaille, il faut la transmettre par le bout des doigts comme une étincelle ou une chaleur. Il faut essayer de croire que, de ce corps de plus en plus froid et fragile (dont souvent on aimerait mieux se détourner) est en passe de s’enfuir à tire-d’aile une figure invisible dont nos oiseaux familiers, le rouge-gorge, la mésange, ne seraient que les turbulents ou craintifs reflets dans ce monde-ci.</p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 24px;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> Une fois toute repliée la lumière du monde</p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> qui nous empêchera d’aimer encore la servante invisible</p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> commise au soin de ces piles et de ces plis ?</p>
<p class="box180">Philippe Jaccottet / Après beaucoup d’années<br />
</p>Y’aurait-il des choses qui habitent les motsurn:md5:8ffcadbb28263d95c4ba5a41fdd39e3a2017-01-10T06:42:00+01:002023-12-05T14:16:40+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsPhilippe Jaccottet<h4><em>Philippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"><br />
</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/jaccottet.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/.jaccottet_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">Y aurait-il des choses qui habitent les mots</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">plus volontiers, et qui s’accordent avec eux</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">— ces moments de bonheur qu’on retrouve</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> dans les poèmes</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">avec bonheur, une lumière qui franchit les</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> mots</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">comme en les effaçant — et d’autres choses</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">qui se cabrent contre eux, les altèrent, qui les</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> détruisent :</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 22px;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">comme si la parole rejetait la mort,</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">ou plutôt, que la mort fit pourrir</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">même les mots ?</p>
<p class="box180">Philippe Jaccottet / Parler - 4<br />
</p>Où nul ne peut demeurer ni entrerurn:md5:d1036ed4f4feac8b4e998be5f48583812017-01-03T07:06:00+01:002023-12-05T14:16:52+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsPhilippe Jaccottet<h4><em>Philippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"><br />
</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/4503378.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/.4503378_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">Où nul ne peut demeurer ni entrer</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">voilà vers quoi j’ai couru</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">la nuit venue</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">comme un pillard</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 24px;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">Puis j’ai repris le roseau qui mesure</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 20px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">l’outil du patient </p>
<p class="box180">Philippe Jaccottet / Oiseaux, fleurs et fruits<br />
</p>LES GITANSurn:md5:3f06615c59e3b5fae5a3386253b811912016-12-25T09:07:00+01:002023-12-05T14:17:06+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsPhilippe Jaccottet<h4><em>Philippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p style="margin: 0px; font-size: 17px; line-height: normal; font-family: Helvetica; text-align: center;"><br />
</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 17px; line-height: normal; font-family: Helvetica; text-align: center;"><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/Jaccottet-c22afc21f35074419668cda5e2eb7bc2.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/.Jaccottet-c22afc21f35074419668cda5e2eb7bc2_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p style="margin: 0px; text-align: right; font-size: 17px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: right; font-size: 17px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: right; font-size: 17px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p class="legende" style="text-align: right;"><i>à Gérard et Madeleine Palézieux</i></p>
<p style="margin: 0px; text-align: center; font-size: 23px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 28px;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">Il y a un feu sous les arbres :</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">on l’entend qui parle bas</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">à la nation endormie</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">près des portes de la ville.</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 23px;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">Si nous marchons en silence,</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">âmes de peu de durée</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">entre les sombres demeures,</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">c’est de crainte que tu meures,</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">murmure perpétuel</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">de la lumière cachée.</p>
<p class="box180">Philippe Jaccottet / L’ignorant<br />
</p>Dame étrusqueurn:md5:d9bd9f6b3bbc397e79db55c9b6aa6acf2015-09-30T09:31:00+02:002023-12-05T14:17:18+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsPhilippe Jaccottet<h4><em>Philippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/philippe-jaccottet.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/.philippe-jaccottet_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a><br />
<br />
<br />
<br />
On la découvre à demi couchée</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">comme pour un repas</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">sur le recueil de ses propres cendres.</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 23px;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">Elle tient dans la main un éventail</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">qui a la forme d’une feuille.</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 23px;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">Tout cela, depuis des siècles, immobile,</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">une urne en terre, rose,</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">et autre chose encore</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">qui nous invite à un tendre respect :</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 23px;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">un coffret, même pas très lourd</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">ni très solide,</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">comme on verrait une boîte à onguents</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">à l’effigie d’une beauté vivante</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">sur sa toilette ; et, non loin, son miroir.</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 23px;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">Celle-ci fut tout l’amour d’un homme</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">une saison de Toscane, ou une vie,</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">sous le même soleil qui éclaire encore nos pas.</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 23px;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">Mais le miroir n’a plus rien à craindre de son souffle,</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">et l’éventail en forme de feuille</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">n’aura plus à cacher aucune rougeur de honte.</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">Elle a dû désapprendre ce qu’était la brise…</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 23px;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">Que c’est étrange, néanmoins, ces images de mortes</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">qui éveillent encore une espèce vague d’amour</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">chez les ombres que sommes devenus !</p>
<p class="box180">Philippe Jaccottet / Après beaucoup d’années / Musées<br />
</p>Le mince croissant de lune aperçuurn:md5:42264e71062cb005eda7c3e9004a13cb2012-09-03T08:40:00+02:002023-12-05T14:17:53+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsPhilippe Jaccottet<h4><em>Philippe Jaccottet</em></h4>
<hr /> <p style="margin: 0px; text-align: justify; text-indent: 76px; font-size: 15px; line-height: normal; font-family: 'Lucida Grande'; color: rgb(35, 35, 35);"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; text-indent: 76px; font-size: 15px; line-height: normal; font-family: 'Lucida Grande'; color: rgb(35, 35, 35);"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; text-indent: 76px; font-size: 15px; line-height: normal; font-family: 'Lucida Grande'; color: rgb(35, 35, 35);"><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/Jacottet-5681400.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/.Jacottet-5681400_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; text-indent: 76px; font-size: 15px; line-height: normal; font-family: 'Lucida Grande'; color: rgb(35, 35, 35);"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; text-indent: 76px; font-size: 15px; line-height: normal; font-family: 'Lucida Grande'; color: rgb(35, 35, 35);"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; text-indent: 76px; font-size: 15px; line-height: normal; font-family: 'Lucida Grande'; color: rgb(35, 35, 35);"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; text-indent: 76px; font-size: 15px; line-height: normal; font-family: 'Lucida Grande'; color: rgb(35, 35, 35);">Le mince croissant de lune aperçu le soir dans le jardin, la serpe qui est pure illusion, qui est chose aigüe mais aussi doucement lumineuse, la «serpe de lait» qui perdra vite sa forme, qui s'inscrit un instant dans le ciel du couchant et surprend toujours, qui vous accompagne avec fidélité, lointaine, mais présente. À l'image de la serpe se lie inévitablement celle de la main qui devrait la tenir, de la moissonneuse dans quelque cortège en l'honneur de Céres — comme si, d'une fête, n'était visible qu'un emblème au-dessus de la foule cachée par la nuit : une chose ressentie naïvement comme bonne, amicale, à cause de l'atténuation, dans ce reflet, de l'autre lumière qu'on peut regarder en face. Et l'on se dit : elle est encore là, une fois de plus, elle m'est donnée sans bruit, sans histoires, et pas à moi seulement, comme depuis le commencement du monde auquel sa lueur semble me lier. C'est une serpe et c'est un lien. Cela chemine, fidèle, à croire qu'il y a vraiment là-bas un gardien faisant sa ronde pour nous défendre de la nuit.</p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; text-indent: 76px; font-size: 15px; line-height: normal; font-family: 'Lucida Grande'; color: rgb(35, 35, 35);">Je me rappelle aussi ces cortèges d'enfants porteurs de lanternes allumées, autrefois. Il n'y en aurait plus qu'un, attardé, tranquille, têtu. Pour rappeler qu'il y a une enfance, une joie timide, naïve, presque aveugle ; une chanson.</p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; text-indent: 76px; font-size: 15px; line-height: normal; font-family: 'Lucida Grande'; color: rgb(35, 35, 35);">L'oiseau, dans le figuier qui commence tout juste à s'éclaircir et montre sa première feuille jaune, n'était plus visible du vent.</p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; text-indent: 76px; font-size: 15px; line-height: normal; font-family: 'Lucida Grande'; color: rgb(35, 35, 35);">Brûlant des ronces à la fin du jour, j'ai vu soudain approcher du brouillard, silence devenu visible, fumée humide et froide montée de l'eau plutôt que d'un feu, exhalaison de la terre détrempée, souffle tout à coup froid comme de l'acier, menace peut-être, mais que j'aimais parce que vivante, parc que «vraie» ; comme si tout valait mieux que des pensées et que la mort.</p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; text-indent: 76px; font-size: 15px; line-height: normal; font-family: 'Lucida Grande'; color: rgb(35, 35, 35);">Un troupeau qui serait venu sans le moindre bruit me lécher la main d'une langue froide. Tandis que la nuit aussi approchait.</p>
<p class="box180"><em>Philippe Jaccottet / Cahier de verdure</em></p>