Le Bordel des poètes - Mot-clé - Jean-Pierre Siméon2024-03-29T06:32:40+01:00Dom Corrierasurn:md5:962ce3df297678cdb7de1ccf0bda1031DotclearÀ UN QUE LA MER A RENDUurn:md5:ea506ac52d425714e843fe2760effa9d2023-10-09T08:13:00+02:002023-10-09T08:13:00+02:00domcorrierasPoèmes & chansonsJean-Pierre Siméon<h4><em>Jean-Pierre Siméon</em></h4>
<hr /> <p> </p>
<p style="text-align: center;"><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2023/picture-19228-1568911761.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2023/.picture-19228-1568911761_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p> </p>
<p style="text-align: center;"> </p>
<p style="text-align: center;">(à Jean-Marie Barnaud)</p>
<p><br />
Que cherches-tu vieux frère<br />
quand tu lèves la voile sous l'ombre<br />
poussant le vent de l'épaule<br />
avec l'orgueil des Anciens<br />
qui tutoyaient d'un rire chantant<br />
les dieux balourds égarés sur la terre ?</p>
<p>la nuit dans la mer ressasse<br />
son unique pensée<br />
qui a le goût des âges<br />
et de leur charge obscure</p>
<p>ce serait donc cela :<br />
le vide qui avance sous la vague<br />
tandis que marin de la main et de l'âme<br />
tu ruses avec les forces sans visage</p>
<p>un vide éperonné par l'esprit<br />
- cette pauvre vanité des hommes<br />
qui veut voir au fond des silences<br />
et que la gerbe des eaux aveugle ?</p>
<p>non pas tu es sage dans l'épreuve<br />
tu sais que seul l'espace franchi est heureux<br />
et comme Ulysse fit un lit dans l'olivier<br />
ta main creuse dans la vague<br />
l'instant d'une jubilation</p>
<p>c'est cela naviguer peut-être<br />
accomplir une respiration profonde<br />
et purement accueillir oreille sur le mystère<br />
soumis pour de bon à l'excès du monde<br />
et ce serait ce jeu grave de toiles et de cordes<br />
qui met l'être en tension sous le ciel<br />
une doléance du cœur<br />
qui voudrait tant lui le suppliant<br />
jaloux des joies naturelles<br />
être rythme et léger lentement s'assouvir</p>
<p>frère revenu ruisselant de la vague<br />
comme on revient de la mort esquissée du poème<br />
qui de tout sépare et fait renaître inépuisé<br />
au bord mouvant de la vie</p>
<p>tu existes pleinement sur la mer<br />
et ton pied au royaume des ombres<br />
foule l'or perdu des franchissements de grande tempête</p>
<p> </p>
<p class="box180">Jean-Pierre Siméon / Levez-vous du tombeau</p>Il souffle un vent d'hiver dit-on sur le mondeurn:md5:e9d6a80a96697f2f9eb8b715fa2fc5e52023-10-01T08:09:00+02:002023-10-01T08:09:00+02:00domcorrierasPoèmes & chansonsJean-Pierre Siméon<h4><em>Jean-Pierre Siméon</em></h4>
<hr /> <p> </p>
<p><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2023/JeanPierreSimeon_87A92343.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2023/.JeanPierreSimeon_87A92343_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>Il souffle un vent d'hiver dit-on sur le monde<br />
les âmes comme une eau sont prises par le gel</p>
<p>il est aisé d'en comprendre la raison<br />
peut-on imaginer des vagues disjointes de la mer ?<br />
et voici l'homme pourtant exilé de son rêve</p>
<p>or si la pensée ne naît pas du rêve<br />
où nos pas voisinent avec le ciel<br />
où nos gestes sous le sceau des étoiles<br />
suscitent dans la nuit des feux qui éclairent<br />
où le regard habite un printemps sans preuves<br />
alors la pensée errante<br />
jette sur les choses une ombre froide</p>
<p>philosophez sur le vide dans un désert<br />
vous entendrez rire les serpents et les pierres<br />
mais à quelques-uns ivres sous la tente<br />
écoutez le chant du Porteur-de-la-Nuit<br />
ou partagez avec les dattes et le miel<br />
au plein centre de la mort<br />
le poème de Darwich à l'amour intègre<br />
et vous comprendrez ce qui sans âge<br />
justifie le pas de l'homme dans le désert</p>
<p>il y a un cœur absent dans le monde<br />
quand le chant se tarit<br />
nous nous adonnons à des puissances tristes<br />
qui tuent tout ce qu'elles touchent<br />
et il y a plus d'âme dans la crinière d'un cheval<br />
nouée au vent<br />
que dans le moindre de nos gestes</p>
<p>il n'y a d'âme en l'homme et de joie<br />
contre-écho de ses douleurs<br />
que dans l'élan vers d'indécises beautés<br />
que la pensée ignore</p>
<p> </p>
<p class="box180">Jean-Pierre Siméon / Levez-vous du tombeau</p>Tout peut avoir la forme d'une audaceurn:md5:39efb3d8d483375bd1c0be1eac47e47f2023-09-19T08:28:00+02:002023-09-19T08:28:00+02:00domcorrierasPoèmes & chansonsJean-Pierre Siméon<h4><em>Jean-Pierre Siméon</em></h4>
<hr /> <p> </p>
<p><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2023/Jean-Pierre_Sime_on_a__La_Roche-sur-Yon.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2023/.Jean-Pierre_Sime_on_a__La_Roche-sur-Yon_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>Tout peut avoir la forme d'une audace<br />
le goût violent du vent<br />
la vigueur chantante d'une caresse<br />
même un caillou</p>
<p>allons enfin du feu !<br />
de la poigne<br />
du désir qui court sous la peau</p>
<p>au plus simple des jours<br />
au ras du trottoir<br />
des gestes blessés<br />
dans la camisole de force des heures perdues<br />
celles où l'on va sans yeux et sans oreilles<br />
das l'épaisseur du gris</p>
<p>oser trouver en soi<br />
l'idée le sentiment la saveur<br />
d'un ciel immense<br />
sur une mer déployée<br />
un rythme d'ailes dans le cœur<br />
qui allège l'espace</p>
<p>non pas mourir au monde<br />
mais renaître à soi-même<br />
pour se donner raison<br />
d'être au monde</p>
<p>une audace infinie<br />
mais à contre-mort<br />
une émotion une tendresse<br />
mais dure comme un quartz<br />
aux arêtes de lumière vive<br />
qui découpe<br />
dans le bruit la fatigue et l'oubli<br />
l'ouverture par où l'on passe<br />
soudain devenu sauvage et libre<br />
pour rejoindre le grand large de soi<br />
et des beautés perdues</p>
<p>allons du feu enfin !</p>
<p> </p>
<p class="box180">Jean-Pierre Siméon / Levez-vous du tombeau</p>Ô par les routes et les cimes qu’il nous soit donnéurn:md5:91f24b25d6de2f0fc01f5333c08aff922019-12-13T09:43:00+01:002019-12-13T09:43:40+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsJean-Pierre Siméon<h4><em>Jean-Pierre Siméon</em></h4>
<hr /> <p><br />
<a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2018/J-P-Simeon-TNP.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2018/.J-P-Simeon-TNP_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>Ô par les routes et les cimes qu’il nous soit donné le sentiment de vivre</p>
<p>et par le jour qui pleut sur la peau</p>
<p>et par les solitudes froides</p>
<p>autant que par le pain partagé du soleil</p>
<p> </p>
<p>et comme le savoir en vérité des lèvres sur le fruit</p>
<p>que tout savoir nous soit saveur</p>
<p> </p>
<p>toi enfant qui tiens un arbre par la main</p>
<p>ry toi vieillard qui tant ressemble</p>
<p>à ton chemin de pierres éboulées</p>
<p>vous en savez plus que quiconque sur la vie</p>
<p> </p>
<p>la nuit qui monte à notre porte</p>
<p>et l’oiseau qui dessine son chant dans le ciel</p>
<p>mieux que la sentence</p>
<p>ou ce langage cousu d’ombre</p>
<p>nous instruisent de la réalité</p>
<p> </p>
<p>ô comme subtilement converser avec les choses</p>
<p>et les comprendre dans leur geste</p>
<p> </p>
<p>nous enseignent</p>
<p>car si les choses comme nous ont un nom</p>
<p>seuls leurs gestes véritablement les nomment</p>
<p>ainsi la fenêtre qui naturellement bondit dans la lumière</p>
<p>la table qu’on dirait faite pour l’attente</p>
<p>la maison chauffée par le soleil du soir</p>
<p>qui penche vers la nuit</p>
<p> </p>
<p>ainsi cette façon verte et feuillue qu’à l’arbre</p>
<p>de signifier la vie</p>
<p> </p>
<p>ô comme les choses muettes</p>
<p>habitons la vie d’un geste nu</p>
<p>sans cause ni précaution</p>
<p> </p>
<p>à fleur de peau</p>
<p class="box180">Jean-Pierre Siméon / Levez-vous du tombeau</p>Nous avons soifurn:md5:a8e175a3d97ac77f1600485000d40e2d2019-11-18T08:28:00+01:002019-11-18T08:28:45+01:00domcorrierasPoèmes & chansonsJean-Pierre Siméon<h4><em>Jean-Pierre Siméon</em></h4>
<hr /> <p><br />
<a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2018/jp-simeon.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/2018/.jp-simeon_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>Nous avons soif je vous dis nous avons soif</p>
<p>et assez des larmes pour l’étancher la soif !</p>
<p>qui boit ses larmes les repleurera demain</p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>notre soif d’une sorte qui n’a pas de remèdes</p>
<p>puisqu’elle est la seule cause de l’homme</p>
<p>voudrait-on des oiseaux sans ailes</p>
<p>ou du chant sans musique ?</p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>comme la fleur a soif d’abeilles</p>
<p>le pied du pas</p>
<p>minuit du matin</p>
<p>nous avons soif par nécessité</p>
<p>nous sommes autant dire notre soif</p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>je parle vous le savez d’une soif sans bouche</p>
<p>qui est l’envers de la mort qui avance</p>
<p>pleine d’elle-même sous l’or des certitudes</p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>qui renonce à sa soif la mort l’assoit sur ses genoux</p>
<p>mais qui tend son corps</p>
<p>comme une main offerte au feu</p>
<p>qui s’ouvre l’âme</p>
<p>comme avides les lèvres à la fontaine</p>
<p>celui qui va traversé</p>
<p>peau nue comme peau de rivière</p>
<p>et compagnon du ciel venu dans un baiser</p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>qui a soif allons de vie je veux dire</p>
<p>du cri de la lumière</p>
<p>du geste qui vole à l’oiseau son vol</p>
<p>des nuits ramenées sur lui comme un drap</p>
<p>avec les étoiles et les arbres enfiévrés</p>
<p> </p>
<p> </p>
<p>celui-là éternel avant la mort</p>
<p>boit le monde</p>
<p>comme un vin de jouvence</p>
<p class="box180">Jean-Pierre Siméon / Levez-vous du tombeau</p>XI - Quand même nous ne serions plusurn:md5:e87cf74bd14c892a451276e640c4f9312017-02-07T06:37:00+01:002018-08-14T13:30:59+02:00domcorrierasPoèmes & chansonsJean-Pierre Siméon<h4><em>Jean-Pierre Siméon</em></h4>
<hr /> <p style="margin: 0px; text-align: center; font-size: 22px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 26px;"><br />
</p>
<p style="margin: 0px; text-align: center; font-size: 22px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 26px;"><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/simeon2.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/.simeon2_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"><span style="font-family: Helvetica; font-size: 19px; text-align: justify;"> </span>Quand même nous ne serions plus, dans les loisirs de l’été, qu’un parfum donné au vent,</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> liés, plus lié même de la douceur de nos mains que nous aurions regret.</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> Car rien ne nous concerne,</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> rien ne fait trace,</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> que l’amoureux parcours du rêve sur nos corps.</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> Avant de dormir contre l’épaule des saisons, comme tremble la voix au bout de l’oracle, notre amour aura rejoint la transparence du poème.</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> Nous sommes plus loin déjà que les prisons brûlées de l’attente, plus loin même que nos yeux évident, dans l’avenir que rien ne change.</p>
<p style="margin: 0px; font-size: 19px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> Depuis que sur nos yeux nos yeux se sont ouverts, nous nous attendons, au-delà du probable, dans le déploiement du premier jour.</p>
<p class="box180">Jean-Pierre Siméon / Les douze louanges<br />
</p>Seule la curiositéurn:md5:3a03d9f09147c82b1c2290fff3fa58382017-01-18T06:44:00+01:002018-08-14T10:09:14+02:00domcorrierasPoèmes & chansonsJean-Pierre Siméon<h4><em>Jean-Pierre Siméon</em></h4>
<hr /> <p style="margin: 0px; text-align: center; font-size: 26px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"><br />
</p>
<p style="margin: 0px; text-align: center; font-size: 26px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/simeonenfant.jpg"><img alt="simeonenfant.jpg" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/.simeonenfant_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="" /></a></p>
<p style="margin: 0px; text-align: center; font-size: 26px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: center; font-size: 26px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: center; font-size: 26px; line-height: normal; font-family: Helvetica;">XI</p>
<p style="margin: 0px; text-align: center; font-size: 26px; line-height: normal; font-family: Helvetica; min-height: 31px;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> Seule la curiosité comme un oiseau happé dans le vent par dessus la grande paresse de tes yeux.</p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> Chaque saison te rafraîchit et tu espères. Que le désir te tienne lieu de regard et le plaisir de mémoire, l’œil mûri de sa bonne fortune.</p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> Il te faudra aimer ton geste irréparable pour qu’il t’enseigne l’opaque durée et son ressassement.</p>
<p class="box180">Jean-Pierre Siméon / Poèmes du corps traversé - Paradoxes du corps amoureux<br />
</p>Vurn:md5:f1f6244bc0d8b6bd32a2ca8378ce72632017-01-01T12:59:00+01:002018-08-14T09:30:06+02:00domcorrierasPoèmes & chansonsJean-Pierre Siméon<h4><em>Jean-Pierre Siméon</em></h4>
<hr /> <p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"><br />
</p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/Simeon.jpg"><img alt="" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/.Simeon_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: table;" /></a></p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> </p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> Jamais, couverts des poudres du voyage, les amants ne se déshabitueront du chemin. La lassitude même est leur raison précieuse.</p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> Leur durée est une constellation sans gîte, mais qui demeure, ô qui demeure ! Ils n’avancent que pour clore le cycle de la légende.</p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> Dans le mutisme des caresses passent toutes les raisons du paysage : dormantes racines, croissance du feuillage, moisson des corps.</p>
<p style="margin: 0px; text-align: justify; font-size: 18px; line-height: normal; font-family: Helvetica;"> D’une exacte félicité, ils s’accomplissent dans les couleurs drues du printemps.</p>
<p class="box180">Jean-Pierre Siméon / Les douze louanges<br />
</p>STABAT MATER FURIOSAurn:md5:78b6fa4e1c7c4fd90e76020ed5ca2dc42015-11-10T08:53:00+01:002018-08-09T15:45:52+02:00domcorrierasPoèmes & chansonsJean-Pierre Siméon<h4><em>Jean-Pierre Siméon</em></h4>
<hr /> <p> </p>
<p><a class="media-link" href="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/jeanpierresimeon-i8h2.jpg"><img alt="jeanpierresimeon-i8h2.jpg" class="media" src="https://domcorrieras.fr/dotclear/public/Illustrations/.jeanpierresimeon-i8h2_m.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="" /></a></p>
<p> </p>
<p> </p>
<p><span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">ma prière voilà comment commence ma prière</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">j’aime que le matin blanc pèse à la vitre et l’on tue ici</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">j’aime qu’un enfant courant dans l’herbe haute vienne à cogner sa joue à mes paumes et l’on tue ici</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">j’aime qu’un homme se plaise à mes seins et que sa poitrine soit un bateau qui porte dans la nuit et l’on tue ici</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">j’aime qu’on bavarde à la porte du boulanger quand il n’y a d’autre souci que le bleu du ciel étendu sous la théorie des nuages et l’on tue ici</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">j’aime qu’à quelques-uns on s’ennuie paisiblement à observer le vent dormir sur les toits de la ville et l’on tue ici</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">j’aime qu’on bâtisse une fleur pour la fleur dans le loisir insipide du jardin et l’on tue ici</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">j’aime que la pierre roule dans la rivière et que cela fasse un bruit de clarinette et l’on tue ici</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">j’aime que les heures ne soient que le temps qui passe pour faire les heures et l’on tue ici</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">et voilà comment continue ma prière</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">êtes-vous là encore êtes-vous là mangeurs d’ombres</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">je crache</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">je crache sur l’homme de </span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">l’homme de guerre</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">je crache sur le guerrier de la prochaine</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">de la prochaine guerre</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">qui joue aujourd’hui avec son ours en peluche les ailes des mouches et</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">la poudre rouge et bleue des papillons</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">je crache sur l’esprit de guerre qui pense et prévoit la douleur</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">je crache sur celui qui pétrit la pâte de la guerre</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">et embrasse son sommeil quand on cuit la mort au four de la guerre</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">je crache sur le ruisseau de sang qui tombe des doigts du vainqueur</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">comme un mouchoir par mégarde tombe au caniveau</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">je crache sur celui qui fait d’un corps de femme une chair ouverte</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">une chair bleue qui était blanche</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">couverte de guêpes qui était faite pour le baiser</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">déchirée qui était comme une soie pour le soleil</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">je crache sur la haine et la nécessité de cracher sur la haine</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">homme de guerre je te regarde</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">regarde-moi</span><br style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;" />
<span style="font-family: Helvetica,Arial,sans-serif;">je te dis regarde-moi</span></p>
<p class="box180">Jean-Pierre Siméon / Stabat Mater Furiosa (extrait)<br />
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